Robba
Quelli di’ngni locu è quelli di da partuttu

31/08/2021



Face un pezzu chì a nostra amica antrupologa Ghjacumina Acquaviva-Bosseur ci vulia parlà d’un librone sciutu in 2019 : Les deux clans : la nouvelle fracture mondiale. L’autore, un certu David Goodhart, giurnalistu inglese, prupone una littura assai interessante di u nostru mondu spiccatu d’appressu à ellu trà « a ghjente chì u varda da qualchì locu è da quelli chì u vardanu da’gni locu ».

Ch’ella sia smarita l’opposta tradiziunale trà di a Manca è a Diritta ne sarà a prova a pulitica di u capitale chì rege u mondu oghje. In cerca di risposte di pettu à stu rumondulime sociuculturale ch' ùn rispara mancu à Tarra, quella intesa senza cunfine pulitiche, eccu robba di partitu è contr’à partitu belli studiati... Cù a brama di sfrancà ci, per e presidenziale à vene, di quella opposta riscaldata trà "i più aperti" è "i chjosi à u fora", o trà quelli chì vincenu è quelli chì perdenu à nantu à u fronte di a mundialisazione.
Eccu dunque un purtellu sgrignatu da l’Inghilterra, da piglià à pena a larga di pettu à u turbinume d’una culunisazione sprupusitata, sempre più.

A rumpitura maiò
« Les intérêts commerciaux conjugués à la philosophie progressiste – appétence pour l’ouverture, les droits et l’égalité – se sont complément désolidarisé de notions comme la justice économique, encore vue à travers une lentille nationale. Et c’est ce divorce qui mine la démocratie sociale en Europe. »

Quelli di’ngni locu è quelli di da partutu
« En extrapolant à partir de sondages d’opinion, et en y ajoutant mes propres observations et conclusions, j’ai dessiné à grands traits une idéologie « Partout » que j’appelle « individualisme progressiste ». C’est la position de ceux qui connaissent une certaine réussite dans la vie et qui se soucient aussi du collectif. Elle accorde beaucoup de valeur à l’autonomie, à la mobilité et à l’innovation, et nettement moins à l’identité de groupe, à la tradition et aux pactes nationaux (Église, patrie, famille).
La plupart des « Partout » voient d’un bon œil l’immigration, l’intégration européenne et la diffusion des droits humains, autant d’éléments qui ont tendance à diluer les revendications nationales. Dans l’ensemble, ils ne sont pas antinationaux et peuvent même se montrer tout à fait patriotes, mais ils se voient aussi comme des citoyens du monde. Le travail, et au fond la vie elle-même, est pour eux affaire individuelle de réalisation de soi. Les Partout sont à l’aise avec l’idée d’une société de la réussite ; la méritocratie et la plupart des formes d’égalité (quoique pas nécessairement l’égalité économique) sont chez eux une seconde nature. (…)
À l’inverse, les « Quelque Part » ont des instincts plus conservateurs et communautaristes. Dans l’ensemble, ils ne sont pas extrêmement religieux (contrairement à leurs homologues américains), et seuls de petits nombres à la marge de l’extrême-droite sont de fervents partisans de l’autoritarisme ou des xénophobes endurcis. »

U populisimu di l’Europa è a calata di a manca
« Depuis l'implosion du socialisme, le populisme est le levier politique employé par les oubliés de la réussite pour réfréner, voire ramener sur terre, ceux qui réussissent dans ces sociétés dans l'ensemble extraordinairement prospères et florissantes.

Il est souvent envisagé aussi comme un phénomène essentiellement économique : une réaction contre les pertes d'emplois et la concurrence dues à la mondialisation, de la part de gens qui ont la sensation de ne rien y gagner. C'est parfois le cas mais, comme je l'ai déjà avancé, le populisme est un phénomène sociéto-culturel et identitaire plus que socio-économique, c'est pourquoi tant de responsables politiques, particulièrement à gauche, ignorent comment y répondre. Et c'est sur les questions culturelles, pas économiques, que le consensus est le plus endommagé dans les démocraties libérales. […]

On pourrait même voir dans le populisme une forme d'idéalisme, un autre versant de la politique « post-matérialiste » habituellement associée plutôt au mouvement écologiste. Une quête de sens et d'identité collective dans un monde moderne profane, individualiste, dominé par l'économie. »

A mundialisazione è l’Europa di e nazione chì resistenu
« Les occidentaux sont devenus universalistes dans le sens où presque tout le monde, hormis quelques autoritarismes endurcis, accepte l’égalité de valeur de toute vie humaine. Le glissement vers l’universalisme consécutif à la Seconde Guerre mondiale, et en partie déclenchée par la guerre et la Shoah, a représenté une évolution culturelle majeure. »                                                                                       

Una Tarra straniera ?
« Londres vit sur le capital social du passé, mais ajoutez une génération de renouvellement à l’échelle d’aujourd’hui et, si la tendance actuelle persiste, la ville ne pourra que devenir encore plus invivable, sauf pour les riches. Pour beaucoup de ses habitants, elle n’est déjà plus qu’un camp de transit, dangereux et surpeuplé. (…) La plus grande raison à tout cela, et de loin, a été l’immigration de masse non gérée des deux dernières décennies. Le défi, pour les responsables politiques londoniens, va être de réduire d’une manière ou d’une autre ces influx et de rendre la ville plus vivable – moins « postmoderne » et « hors-sol » pour la majorité aux revenus modestes, sans lui faire perdre trop de son dynamisme et de sa vigueur »

L’ecunumia di a cunniscenza, un’ecunumia senza murale ?
« Un secteur universitaire hypertrophié, un secteur professionnel et technique rabougri : cette configuration ne produit pas les compétences dont notre économie aurait besoin, que ce soit pour amener un quelconque renouveau économique ou même pour rester concurrentiels dans l’économie numérique en plein développement. L’industrie britannique se plaint en permanence de la pénurie de talents techniques. »

Una sucetà di a riescita
« Notre culture marchande de compétition individuelle, dans les démocraties sociales riches, se double d’une culture politique d’égalité des citoyens qui pèse sur ceux qui réussissent. En même temps, il est plus facile d’échouer dans une telle société, car on fait miroiter à trop de gens la possibilité de la réussite. Pourtant, trop de personnes ont désormais l’impression de ne pas pouvoir y arriver, tandis que les rôles comme celui de soutien de la famille ou femme au foyer ont été gommés ou dévalués. L’objectif de mobilité sociale, avec le stress et l’anxiété qu’il génère inévitablement, semble parfois en guerre contre l’objectif de bien-être des citoyens.
La plupart des « Quelque-Part » s’inquiètent de savoir comment conserver dignité et honneur dans un quotidien banal, tout en vivant dans un monde où le statut et les richesses sont si inégalement distribuées. L’ambition et la quête de réussite sont des impulsions parfaitement humaines, mais la plupart des gens savent que voir sa valeur reconnue est plus important que réussir. »

Chì famiglia oghje ?
« La plupart des femmes du clan «Quelque-Part» sont d’accord avec leurs homologues de «Partout» pour réclamer l’élimination des privilèges historiques réservés aux hommes. Simplement les «Quelque-part» replacent cela dans un contexte bien plus vaste d’interdépendance entre les hommes et les femmes. (...)

Ajuster la politique familiale aux priorités des « Quelques-Part », ce n’est pas reculer sur l’inégalité. Mais c’est remplacer une vision étroite qui ne concerne que les femmes au sommet, par une conception plus large des intérêts des femmes, et par un climat plus favorable à la vie de famille. »

Accunsentenu i patti novi
« Si les intérêts des Londoniens continuent de dominer, nous allons devenir peu à peu un pays plus divisé, désagréable et mécontent, avec de hauts niveaux de renouvellement de population et de groupes éthiquement et socialement fracturés se retranchant dans leurs vies parallèles, tandis qu’une élite politique de plus en plus tonitruante célébrera les vertus de l’ouverture depuis des résidences fermées.
Ou alors, nous pouvons donner un porte-voix au populisme décent des « Quelque-Part », et profiter du choc du Brexit, et de la sortie de l’U.E. pour trouver un compromis nouveau, plus stable, entre les «Partout» et les «Quelque-part», réconciliant les deux moitiés de l’âme politique de l’humanité. »

Da ragiunà torna
U titulu uriginale di u libru di David Goodhart era “The Road to Somewhere: The Populist Revolt and the Future of Politics”. Nutemu quantu a traduzzione francese Les deux clans. La nouvelle fracture mondiale incalca l’opposte trà di i partiti mintuvati quindi. Ci pare di primura di misurà l’accostu dualistu credu di a tradizione dualista d’una Diritta è d'una Manca belle arradicate, ch’anu trovu ancu in Corsica un terrenu pront’à spannà quelli detti partiti è contr’à partiti trà Partitone è partitelli.

Sta pulitica dualista ereda di l’individualisimu raziunale di u XVIIe, hè stata sparta da a filusufia di i Lumi è chjama à esse supranata da a maiò parte di scenze umane è suciale oghje. Quella logica culuniale ch’ella porta in senu, ùn pò esse arnese da assicurà una putenza puliticù econumica trà duminanti è duminati, trà umanu è ingiru naturale.

Accorghi puru una pulitica pinserosa di a robba Viva pront’à spannà si per’gni locu, à mezu à una Tarra propriu particulare.
Accorghi puru una pulitica fatt’à chjam’è rispondi trà quelli partiti è partiti altri.
Accorghinu puru, l’occasione di truvà ci, di sente ci da pudè pattighjà, solu mezu di ricunnosce ci, da vicinu : trà sintimu d’appartinenza à un cullettivu è affirmazione individuale, à l’orlu di un rigiru di u Mondu novu annunziatu da quella « cripto muneta », accunsentaria una pulitica chì dessi un valore fondu à un Cummunu ancu à definisce.

Ch’ella sia da vicinu po da luntanu, sta pulitica di i Cummuni averà da tene contu di a dinamica creativa è di a variatezza di e culture quant’è di l’identità parechje. Solu i scontri fattivi per via di una pruduzzione sparta, in locu è tempi scelti, puderanu inghjinnà un accunsentu cullettivu pegnu d’una demucrazia ricatta.


David Goodhart Les deux clans : La nouvelle fracture mondiale  Ed. Les arènes, 2019.